La forge n'est pas réservée qu'à l'Europe, bien qu'on entende très souvent parler de la forge française. En effet, plusieurs peuples d'Afrique travaillaient le métal à leur façon, avant même l'arrivée de colons européens. On peut lire, dans cet extrait anthropologique datant de 1872, qui nous a été offert par Jacques Benmussa, que des tribus africaines y forgeaient le fer à leur propre manière, très habilement.
Revue d’Anthropologie, Volume 1. Publié par Paul Topenard, vers 1872.
Des armes et ustensiles usités par les Cafres et les Boschimans
par M. Cari Ludolf Griesbach
« Les diverses tribus de l'Afrique orientale font usage d'armes et d'outils en fer qu'ils fabriquent eux-mêmes et montrent une grande habileté à fondre et travailler le métal. Parmi les Cafres, les forgerons sont nombreux, mais leur science métallurgique est très-primitive. Deux blocs arrondis de pierre verte portent une enclume sur laquelle le fer chauffé au rouge est battu avec un lourd marteau, tandis qu'un autre indigène entretient le feu dans un petit trou creusé en terre. Deux peaux de chèvres soigneusement cousues se rencontrent dans une corne creuse de bouvart, dont l'autre extrémité regarde le feu. En comprimant l'un et relevant l'autre alternativement, un courant d'air s'établit à travers les charbons et produit une suffisante quantité de chaleur. Des forges aussi primitives se rencontrent dans toute la Cafrerie, le Natal et le pays de Zulu. ainsi qu'au Zambèse, où les Cafres, quoique en contact avec les Portugais depuis trois siècles, n'ont pas encore adopté les procédés européens de travailler le métal.
Toutes les asseyais des Cafres et les pointes de flèches des tribus du Nord sont faites par des forgerons indigènes, et, la plupart du temps, en fondant directement le fer dans son minerai. Les indigènes savent aussi fabriquer le fil de fer, et dans ce but font usage de petites plaques de fer percées de trous. Quelques tribus du Nord, comme les Amaswagi et les Amandebeli, savent mélanger les métaux de façon à obtenir du bronze et de l'airain. En quelques endroits, on connaît aussi l'étain.»